1970 – Les étains et miroirs
Depuis trois semaines, à Nice, une exposition suscite un intérêt passionné : quinze sculptures de Max Cartier, dont un « Minotaure » qui pèse plus de 400 kilos. Mais ce n'est évidemment pas sur leur poids qu'on juge les oeuvres de cet artiste niçois : en fait, toutes ces statues ont en commun la profonde originalité d'une technique et d'un matériau dont Max Cartier peut revendiquer la paternité: elles sont en éclats de miroirs soudés au plomb, à l'étain et même à l'argent.
Max Cartier -45 ans- s'est fait un nom au cinéma avant de se lancer dans le statuaire : Visconti l'avait en effet engagé pour l'un de secs meilleurs films,« Rocco et ses frères ». Mais Cartier est de ceux qui ne peuvent se passer de travailler avec leurs mains et de créer; il fit de la décoration, du modelage, puis passa, un jour, de l'argile à une matière nouvelle peu faite, a priori, pour la statuaire : le miroir brisé.
Un instinct poétique très sur (où se reconnaît l'influence du surréalisme) faisait rechercher à Max Cartier des effets sortant de l'ordinaire et de la plate figuration de la réalité. En assemblant des brisures de miroir , il n'a pourtant pas cherché purement et simplement à étonner; l'assemblage des facettes piège la lumière ambiante et lui permet de se livrer à des jeux de reflets dorés et changeants d'une extraordinaire richesse.
Max Cartier aurait pu travailler dans le « bibelot » : sa puissante nature lui fait préférer le monumental et qu’il sculpte des oiseaux, des taureaux ou des nus, il affirme toujours une volonté créatrice qui allie la force des volumes et des formes au mystère chatoyant né dès la rencontre du verre et de la lumière. Ajoutons qu'il ne « triche » jamais et ses oeuvres n'ont pas d'armature.
Le sculpteur niçois prépare actuellement trois grandes expositions qui conduiront ses oeuvres à Paris, à Toulouse et à Stockholm.